S1 / Chapitre 11 - C'est la vie

Le paysage était reconnaissable entre mille. L'herbe verte et humide, le léger brouillard entourant les montagnes de pierre grise, les arbres aux couleurs d'automne. On voyait çà et là les traces d'anciens bocages, délimités par ces murs de pierre. Mais même le ciel d'une pâle lueur bleue n'égalait en beauté ce qui s'offrait un peu plus loin.

A l'entrée du campus, on pouvait déjà apercevoir les tours des anciens bâtiments gothiques qui abritaient les différentes écoles qui avaient tant de renommée. L'Université John Simlius était un modèle de majesté et de droiture, visible rien qu'à son architecture.

Ce n'était pas pour rien que cette institution était très sélective. Beaucoup de demandes pour peu de places, et de multiples cursus proposés : c'était ce qui conduisait les administrateurs à choisir les candidats les plus prometteurs, de par leurs aptitudes et leur comportement. C'était aussi ce qui avait failli freiner ces deux jeunes gens à s'inscrire ici. Mais le travail et la persévérance menaient toujours à la réussite.

Aurelio – Regarde ça, Adam. Et profite. Papa et maman ont dû dépenser une fortune pour louer cette maison, si près du centre-ville. Nous avons enfin notre chez-nous…

Adam et Aurelio, leur diplôme de fin d'études obligatoires en poche, avaient décidé de partir ensemble à l'université, après en avoir longuement discuté avec Simona et Vincenzo – qui n'avait pas manqué de raconter ses anecdotes du bon vieux temps. Mais pour rester à la hauteur des attentes de leurs futurs professeurs, et pour bien s'intégrer dans leurs classes respectives, ils avaient dû sacrifier leurs premiers jours « pré-rentrée » de découverte du campus pour plonger leur nez dans les manuels de sciences et technologies pour Adam, et de communication pour Aurelio (qui avait eu droit à tout un speech de son père, encore une fois, sur la filiale qu'il avait lui-même emprunté).

Les deux nouveaux étudiants firent tout de même un petit temps mort pendant leurs révisions pour se rendre à la rencontre universitaire organisée au foyer étudiant. Adam, qui n'était pas un grand bavard, avait préféré les machines scientifiques qui le mettaient en extase aux poignées de main qui s'offraient à lui. Aurelio avait souhaité s'intégrer une bonne fois pour toute et tirer un trait sur sa solitude passée en faisant connaissance avec quelques camarades.

Aurelio s'était déjà fait quelques amis et, le soir, il profita déjà d'une soirée (peu arrosée, soyons sages) avec d'autres étudiants pour fêter l'éminence de leurs premiers cours.

Le lendemain, Adam fut vite sorti du lit. Quitte à ne pas avoir d'amis, autant en profiter pour travailler davantage. Il ne voulait surtout pas arriver en retard à son premier cours, Histoire des Sciences Technologiques. Bien que son ambition était de travailler dans les forces de l'ordre, il lui fallait comprendre les sciences et la technologie pour pouvoir intégrer la police technique.

Aurelio, tout aussi sérieux dans son envie de réussite et de travail, n'était pas aussi rigoureux que son frère pour autant. Il avait pris le temps de discuter avec d'autres élèves qui suivaient le même cursus que lui pour savoir à quoi il devrait s'attendre pour son premier cours, Étude politique.

A la fin de la journée (quelque peu épuisante), Aurelio avait décidé de rejoindre un groupe d'études du soir, à l'école de commerce Nichols. Les professeurs n'avaient pas été très indulgents et, dès le départ, la pile de travaux à réaliser s'était avérée astronomique. Adam préféra passer son temps à étudier les outils électroniques – ou de véritables joujous pour lui – que l'université avait confié à ses étudiants en technologie.

Le soir, les deux frères se retrouvèrent pour le dîner. Cela leur faisait drôle de ne pas passer autant de temps ensemble qu'avant. Eux qui étaient si proches lorsqu'ils étaient à l'école ou à la maison avait été séparés toute la journée. Aurelio, le plus bavard, ne manqua pas de raconter sa journée qui semblait être bénéfique pour lui.

Aurelio – Je te jure, il est prof d'Histoire, et consultant en géopolitique. Ce type est un véritable dieu. Si jamais tu connais un professeur aussi intelligent, aussi cultivé que lui, souviens-t'en.

Le mardi était réservé aux travaux pratiques. Tandis qu'Aurelio devait mener à bien une émission de radio qu'il avait préparé la veille, Adam était à la boutique de bandes dessinées, pour une exposition scientifique qui faisait office de cours, où il faisait la démonstration des technologies d'étude neurologique, fabriquées par des élèves plus avancés et utilisées par les étudiants en médecine.

En dehors des cours, Aurelio aimait entretenir son corps. L'Université John Simlius avait aussi pour réputation de proposer de multiples activités gratuites pour les étudiants. L'aîné profita donc des séances d'entraînement de l'équipe de baseball locale, les Lamaruns, pour découvrir ce sport et faire des rencontres.

Le mercredi, les travaux dirigés reprenaient. Aurelio aimait beaucoup cette méthode d'apprentissage, qui lui permettait d'en apprendre plus sur le monde qui l'entourait, et sur les différentes façons d'exercer son métier plus tard. Adam, aussi studieux était-il, s'ennuyait un peu pendant les cours théoriques, il fallait l'avouer…

...N'est-ce-pas ?

Malheureusement, cela n'avait pas que des conséquences comiques. Aussi, pour rattraper son retard dans sa performance universitaire, Adam devait rester travailler tard à la bibliothèque. Qu'importe, l'ambiance était si calme…

En dehors des cours et des rencontres, la vie à l'université consistait aussi à apprendre à se débrouiller par soi-même. Aurelio y arrivait déjà très bien, puisqu'il s'y était préparé bien avant le début de ses études, mais Adam avait plus de mal. Lui qui était souvent dans la lune ne se souvenait pas de ce qu'il fallait faire ou non et se trouvait très vite débordé.

Pourtant, ce n'était pas le cas en cours, où Adam était bon et réussissait bien ses examens, tout aussi bien que son frère.

Heureusement, dans la vie des étudiants, il existait des petites pauses entre les longues périodes de travail intense et prenant, que l'on appelait des « week-ends ». Aurelio les mettait à profit pour travailler ses talents musicaux qu'il avait un peu laissé de côté ces derniers temps. Il poursuivait aussi l'écriture de son prochain livre de science-fiction, appelé Le Dernier Temple. Mais il passait la plupart de son temps…

...A faire des rencontres. L'amitié était sacrée, disait-on, et elle l'était encore plus lorsque l'on avait passé des années à être rejeté et à connaître l'isolement. L'université était enfin le bon endroit pour s'épanouir. Après toutes ces fois où il avait été déçu, parce qu'on lui avait dit, à l'école primaire, qu'il se ferait des amis au collège, et qu'une fois là-bas, on lui avait juré que le lycée serait parfait pour lui (ce qui s'était une fois de plus révélé faux), Aurelio avait peut-être trouvé ceux qui l'aimeraient, et qui lui accorderaient l'attention qu'il méritait.

Aurelio – Alors ? Tu vois bien que je joue n'importe comment…

Mika – Alors, tu vas au moins en marquer deux, idiot ! Mais ça ne suffira pas pour me battre !

Adam, de son côté, restait seul, comme on pouvait s'y attendre. Depuis l'arrivée à l'université, il fréquentait beaucoup moins son frère, et préférait s'adonner à sa nouvelle passion pour les bandes dessinées. Il avait également découvert le projet d'études commun aux classes scientifiques et technologiques, et qui lui plaisaient beaucoup. Il s'agissait un prototype de réacteur sur lequel de nombreux scientifiques travaillaient et auquel des étudiants apportaient leur contribution. Malgré sa timidité, Adam avait pu rencontrer d'autres personnes en travaillait sur ce projet, et cela n'était pas si mal.

De temps en temps, Aurelio et Adam téléphonaient à leurs parents. Il était bon d'entendre de leurs nouvelles, et de savoir ce qui se passait de l'autre côté de l'océan.

Aurelio – Ah oui ? Eh bien, elle n'aura plus beaucoup de temps pour elle !

Vincenzo – Mais c'est ce que je lui ai dit. Elle m'a répondu qu'elle verrait bien une fois que tout sera fait. Sauf qu'il faut décider avant… Reprendre un restaurant, ce n'est pas rien.

Aurelio – En même temps, maman a les compétences pour ça. Elle a travaillé à Il Succulento pendant des années, ça ne m'étonnerait pas qu'elle le connaisse comme sa poche. Et puis tant pis pour le jardin, on trouvera bien quelqu'un pour le vendre ou pour s'en occuper. Je pourrais bien le faire, ça ne me gênerait pas, mais si je sors d'ici avec mon diplôme, j'accéderai directement à un poste élevé qui me demandera beaucoup de travail… Bon, et la mairie ?

Vincenzo – Oh, comme d'habitude. Mais on commence enfin à se débarrasser des trafiquants. On a l'appui du conseil régional et de l’État, alors ils commencent à prendre peur. Bientôt, on va faire tomber la tête de l'organisation !

Adam – Ils trouveront sûrement l'assassin de Costanzo Rossi par la même occasion.

Aurelio commençait à devenir populaire sur le campus, et était régulièrement invité à des soirées. Ce soir, c'était une fête organisée par un ami, Miles Forthright, qui se tenait à l'association masculine.

Miles – Allez, j'ai marqué, c'est à ton tour de boire !

Aurelio – Je te préviens, tu ne me battras pas !

Aurelio – Putain, j'en mets partout !

Eh bien, voilà une fête bien arrosée… Même Vincenzo n'était pas aussi téméraire, dans mes souvenirs...

A suivre !

Comments

[mawleo]

il profita déjà d'une soirée (peu arrosée, soyons sages) > Rooooh, c'est pas des vrais étudiants ça



Ce type est un véritable dieu. Si jamais tu connais un professeur aussi intelligent, aussi cultivé que lui, souviens-t'en. > moi devant mon prof de trad



L'université était enfin le bon endroit pour s'épanouir. Après toutes ces fois où il avait été déçu, parce qu'on lui avait dit, à l'école primaire, qu'il se ferait des amis au collège, et qu'une fois là-bas, on lui avait juré que le lycée serait parfait pour lui (ce qui s'était une fois de plus révélé faux), Aurelio avait peut-être trouvé ceux qui l'aimeraient, et qui lui accorderaient l'attention qu'il méritait. > pas du tout inspiré de ta vie ça. Je n'ai qu'une chose à dire : VIVE LA FAC



Aurelio il va péchoooo